Fortifications et défenses côtières au Croisic à travers les siècles

joce Par Le 24/07/2023

Dans Conférence

Samedi 8 juillet 2023, la conférence de Laurent DELPIRE sur les fortifications et défenses côtières du Croisic à travers les siècles a attiré plus de cent personnes à l'espace associatif Olympe de Gouges qui n'avait pas assez de chaises pour accueillir tout ce monde !

Le public n'a pas été déçu : la conférence riche  et très documentée a été très appréciée. Laurent DELPIRE a répondu de bonne grâce et avec force détails aux très nombreuses questions qui se sont prolongées lors du verre de l'amitié qui a suivi la conférence.

La conférence en quelques lignes par Laurent DELPIRE

La situation géographique du Croisic en a fait de tous temps une position stratégique qu’il fallait protéger et défendre. La protection de l’entrée de l’estuaire de la Loire était également un élément important pour justifier la fortification de la presqu’île.

Si les premiers moyens de défense sur le littoral furent assez sommaires et peu significatifs, c’est à partir de la fin du XIVe siècle qu’apparaît la première construction d’importance destinée à défendre la ville. Le château, situé à l’emplacement de la place Dinan, voit le jour en 1360 sur ordre du duc de Bretagne Jean IV. De récentes fouilles ont révélé son importance. Ce château est destiné à protéger la presqu’île des incursions terrestres. Il est complété à la même époque par une porte fortifiée construite à l’entrée de la presqu’île. Cette Barrière ou Barricade donnera son nom au lieu. En prolongement de cette porte, un merlon de terre appareillé court jusqu’à la pointe de la Barrière où un premier fort voit le jour. Une tour en demi-lune domine encore le chemin côtier à cet endroit. 

Aux XVIIe et XVIIIe siècles, les besoins de défense évoluent. Les troubles intérieurs du pays sont terminés et c’est désormais de la mer que vient la menace principale. Le littoral se couvre peu à peu de batteries de côtes plus ou moins élaborées, placées généralement aux endroits d’où l’on jouit du meilleur point de vue. Si le château ruiné sous les Guerres de Religion sert de carrière en 1629 pour construire la nouvelle maison de ville, les fortifications de la Barrière sont reconstruites avec fossé et pont-levis, flanqués de deux bastions reliés par une plateforme. Le système de défense de la ville se complète par les forts de la Barrière, de la Pointe, du Port de la Paille, de St Goustan, du Moulin et par le parapet à tourelles du Lénigo. La garde et la défense de la côte sont constamment assurées par des sentinelles qui surveillent nuit et jour la mer, des signaux d’alarme sont toujours prêts, une milice garde-côte fixe des postes de combat. 

La modernisation des installations militaires se poursuit au XVIIIe siècle. Le duc d’Aiguillon, gouverneur de Bretagne, dote le littoral breton de corps de garde casematés. Au Croisic, le fort de la Barrière est réarmé en 1747 et à la Romaine, un corps de garde sémaphore voit le jour en 1744 pour l’exécution des signaux diurnes et nocturnes.

Bien que déclinante, la défense littorale au XIXe siècle reste toujours d’actualité. Le cadastre napoléonien de 1809 insiste clairement sur la position et les angles de tir des batteries croisicaises, tandis qu’en 1861 le fort de la Pointe est une nouvelle fois modernisé et doté d’un fort carré, courant sur les côtes à cette époque (Belle-île, Mindin, Houat, Hoëdic…). Mais bientôt au gré des alliances internationales, les ennemis héréditaires du pays devinrent ses amis et la défense côtière n’eut plus la même raison d’être. Dans la seconde moitié du XIXe et au début du XXe siècle, l’ensemble des batteries côtières furent désaffectées par l’armée et souvent vendues par les Domaines à des particuliers. Ainsi la porte fortifiée de la Barrière, déjà bien dégradée, disparaît définitivement vers 1850 lors de la création de la route nationale. Le fort de la Barrière devient en 1864 la propriété néo médiévale de Pen Castel, le fort de la Pointe devient un chalet néogothique en 1898. Le corps de garde de la Romaine est reconstruit en 1930 sous une forme pittoresque par un architecte. Le fort du Moulin sert de fondation au logement du gardien du phare à Port Charly et impose son originale forme en fer à cheval. Enfin le parapet de la place d’Armes est détruit en 1880, seul le nom de quai des Canonnières rappelle désormais la fonction militaire du lieu.

Il est à noter que la presqu’île retrouva un rôle stratégique lors du dernier conflit mondial, ce sont souvent les mêmes lieux que jadis qui furent fortifiés par l’Occupant. Les blockhaus constituèrent ainsi souvent la troisième, voire la quatrième génération de fortifications sur ces sites.